La thèse, composée de deux grands ensembles, explicite d’abord la trajectoire de la notion de « gouvernementalité » dans les cours de Michel Foucault au Collège de France de 1976 et 1984 afin d’établir un nouveau cadre théorique d’analyse du conflit politique à partir de l’étude des rapports de réciprocité entre les pratiques étatiques et les contre-conduites. Dans un deuxième temps, elle met ce cadre théorique à l’épreuve d’ensembles empiriques afin de tracer une généalogie de l’État au XXème et XXIème siècles à partir d’une ethnologie du dire-vrai dans la pratique sociale. Sur des aires, des temps et des populations variables, elle identifie quatre régimes différents de véridiction/juridiction des pratiques gouvernementales logiquement articulés les uns aux autres par des rapports de réciprocité successifs :1 / le régime libéral social de la res socialis en France des années 1890 aux années 1960 ; 2/ le régime de la res nullius dans les comités d’action en France dans les années 68 ; 3/ le régime néolibéral de la res economica à l’échelle mondiale depuis les années 1970 ; 4/ le régime de la res communis dans la Coordinadora del agua et les comités de l’eau boliviens dans les années 2000. Chacun de ces régimes implique une expérience différente de l’État en termes de degré et d’espaces de gouvernementalité, d’effets des politiques étatiques sur le niveau des inégalités et la structuration des rapports entre classes sociales ou sur le degré de démocratisation de la vie publique. C’est donc à une évaluation historiquement différenciée de l’État qu’invite la méthode foucaldienne d’analyse des formes de véridiction sur lesquelles sont indexées les pratiques gouvernementales.