Étant donné que les questions de sécurité comptent parmi les défis les plus importants auxquels sont confrontées diverses nations, la définition des concepts qui y sont associés est une réalisation cruciale qui peut aider à atténuer l’intensité des tensions présentes dans le paysage international actuel. Le dilemme de la sécurité est l’un des concepts fondamentaux liés aux phénomènes de conflit dans les relations internationales. En effet, les interactions entre les États se produisent dans un environnement dépourvu d’autorité centrale. Par conséquent, chaque État se trouve constamment exposé au risque d’un ou de plusieurs autres États qui pourraient recourir à l’usage de la force militaire contre lui. En d’autres termes, les relations internationales se déroulent dans un contexte caractérisé par un état de préparation à la guerre, où chaque État doit compter uniquement sur lui-même pour assurer sa sécurité. C’est ce qu’on appelle le dilemme de la sécurité dans les relations internationales.
Définition du dilemme de la sécurité
Le terme « dilemme de sécurité » est couramment utilisé dans la pensée traditionnelle et la pensée réaliste nouvelle. Il s’agit d’une situation dans laquelle les gouvernements sont confrontés à des problèmes de sécurité, où le choix se fait entre deux options tout aussi indésirables. Cela crée un scénario où la prise de décision devient difficile parce que les deux alternatives peuvent nuire à l’État. Les préparatifs militaires engendrent un sentiment d’insécurité qui ne peut pas être facilement écarté de la perception qu’ont les autres États des intentions de l’État en question.
Le dilemme de la sécurité indique que tout État au sein d’un système caractérisé par l’anarchie – analogue à un état de guerre dans la théorie réaliste – fonctionne selon le principe de « l’auto-assistance ». Pour se protéger des dangers posés par d’éventuelles attaques d’autres États, un État peut chercher à renforcer son pouvoir de se protéger contre une éventuelle agression et à réduire sa vulnérabilité à l’influence d’autrui. Cependant, cette action augmente l’insécurité des autres parties, les incitant à se préparer au pire. Comme il est impossible pour une partie de se sentir entièrement en sécurité dans un monde composé d’unités concurrentes, et que les États ne peuvent pas faire confiance ou se sentir sûrs des intentions des autres, la quête du pouvoir continue. Ainsi, la lutte pour le pouvoir reste primordiale.
Robert Jervis propose une autre définition du dilemme de la sécurité, le décrivant comme une situation dans laquelle « de nombreux moyens qu’un État emploie pour renforcer sa sécurité diminuent la sécurité des autres ». John Hertz définit le dilemme de la sécurité comme un concept structurel où les tentatives des États de sauvegarder leur sécurité – motivées par l’autonomie, quelles que soient leurs intentions – entraînent un danger accru pour les autres États. Chaque partie interprète ses actions comme défensives tout en percevant les actions des autres comme des menaces potentielles.
Phases du dilemme de la sécurité
Le dilemme de la sécurité peut être divisé en deux phases :
Dans cette phase initiale, le dilemme de la sécurité se pose lorsque les préparatifs militaires d’un État créent un doute dans l’esprit d’autres États quant à savoir si ces actions sont des mesures purement défensives destinées à renforcer sa sécurité ou si elles servent des objectifs offensifs qui menacent la sécurité d’autres nations.
La deuxième phase
du dilemme de sécurité implique les réponses et les réactions d’autres États, en particulier en ce qui concerne les préparatifs politiques, économiques et militaires.
Hypothèses de base du dilemme de sécurité :
Le dilemme de la sécurité repose sur plusieurs hypothèses fondamentales. Premièrement, elle repose sur le principe que la sécurité est un état pour lequel les nations se font concurrence. Dans un système mondial chaotique où il n’existe aucune autorité pour assurer l’ordre, les États doivent se concentrer sur leurs propres efforts pour assurer leur protection. Dans leur quête de sécurité, les nations accumulent de plus en plus de pouvoir pour éviter les impacts de la force d’autres États. Cette accumulation de pouvoir, à son tour, fait que les autres se sentent moins en sécurité, les incitant à se préparer au pire. Étant donné qu’aucun État ne peut se sentir complètement en sécurité dans un monde de nations concurrentes, la rivalité devient inévitable, conduisant à un cycle d’insécurité en spirale entre les États.
Le dilemme de la sécurité ne se pose pas seulement entre États en guerre ou en conflit ; Il englobe toutes les unités du système international anarchique.
Causes du dilemme de la sécurité :
La structure bipolaire qui a émergé pendant la guerre froide a exacerbé le dilemme, intensifiant les problèmes de sécurité auxquels ils étaient confrontés pendant cette période. La peur et la méfiance sont au cœur du dilemme de la sécurité ; Même lorsqu’on croit qu’un État a de bonnes intentions, il reste un sentiment que ces intentions pourraient changer.
De plus, le concept de dilemme de sécurité s’étend au-delà des préoccupations militaires pour englober les mesures économiques et politiques prises par un État que d’autres nations perçoivent comme dirigées contre eux, menaçant ainsi leur sécurité nationale. Cela est particulièrement évident dans les situations où il y a des antécédents de conflit entre deux ou plusieurs États. Le dilemme réside dans le choix entre l’augmentation de la force militaire – qui peut avoir des répercussions économiques négatives – et la promotion du développement économique tout en réduisant les armements. La première option suscite des inquiétudes parmi les pays voisins et pourrait affaiblir l’économie, tandis que la seconde pourrait renforcer l’économie mais signaler une faiblesse aux voisins. Par conséquent, les États se trouvent souvent contraints d’accroître leur puissance militaire, ce qui incite les autres à faire de même, ce qui entraîne une augmentation des menaces extérieures et un renforcement militaire.
Le dilemme de la sécurité décrit une situation où les efforts visant à renforcer la sécurité nationale sont perçus comme une menace pour d’autres États, ce qui entraîne des mesures contre-militaires et un déclin général de la sécurité pour toutes les personnes concernées.
Façons de surmonter le dilemme de la sécurité :
Pour naviguer dans ce dilemme, les perspectives réalistes sont divisées en deux approches principales.
La première approche considère le dilemme de la sécurité comme une condition chronique de la politique internationale, suggérant qu’un système d’auto-assistance génère intrinsèquement un équilibre des pouvoirs même en l’absence de politiques visant à le maintenir. Il soutient que les équilibres de pouvoir émergent indépendamment des intentions d’un État particulier.
La deuxième approche soutient que les effets du dilemme de sécurité peuvent être atténués dans le cadre d’un système d’auto-assistance par l’activation d’un mécanisme d’équilibre des pouvoirs. Historiquement, le concept d’équilibre des pouvoirs a été considéré comme essentiel pour préserver la liberté des États. Ainsi, le maintien de l’équilibre des forces est un objectif fondamental de la politique étrangère des grandes puissances.
En résumé, le dilemme de la sécurité illustre que tout État dans un système international chaotique, caractérisé par l’absence d’autorité centrale, se sent menacé et cherche donc à accroître son pouvoir de protection contre une agression potentielle et l’influence d’autrui. Cependant, cette quête de pouvoir fait que d’autres États se sentent moins en sécurité, ce qui les incite à se préparer à des résultats défavorables. Comme il est impossible pour une partie de se sentir complètement en sécurité dans un monde d’unités concurrentes, et parce que les États ne peuvent pas faire entièrement confiance aux intentions de l’autre, la poursuite du pouvoir se poursuit. Par conséquent, la lutte pour le pouvoir reste le thème dominant.
Références
- The article “The Security Dilemma: A Conceptual Analysis” by Shiping Tang in Security Studies provides a comprehensive overview and analysis of the security dilemma concept. It critically examines the original formulations by Butterfield, Herz, and Jervis and offers a more rigorous definition.
- The book chapter “The Security Dilemma” by Ben Buchanan in “The Cybersecurity Dilemma: Hacking, Trust and Fear Between Nations” traces the history of the concept from Thucydides through its formal articulation by Herz, Butterfield, and Jervis.
- Robert Jervis’s 1978 article “Cooperation under the Security Dilemma” in World Politics is considered a seminal work that developed the concept in detail, including introducing the offense-defense balance as a key variable.
- The article “Is the Security Dilemma Still Relevant in International Relations?” on E-International Relations provides a good overview of the concept and examines its continued relevance.
- The book “People, States and Fear: An Agenda for International Security Studies in the Post-Cold War Era” by Barry Buzan is cited as an important work that expanded on the concept of security.
- For a critical re-examination, the article “The Security Dilemma Revisited” by Charles L. Glaser in World Politics offers an updated analysis of the concept.
- John Herz’s 1950 article “Idealist Internationalism and the Security Dilemma” in World Politics is credited with first coining the term, though it did not develop the concept extensively.
- Herbert Butterfield’s 1951 book “History and Human Relations” is another early source that helped develop the concept of the security dilemma.